8 mai 2011

LE FANTÔME DE L'OPÉRA





Escenarios Educativos 2010-2011
Le scénario de la pièce Le fantôme de l'opéra est un document de travail que les compagnies élaborent avant le début des répétitions: il s’agit donc dun textes « vivant » et susceptible de modifications jusqu’à la mise en scène définitive du spectacle.
C’est pour cela qu’il est possible que le texte actuel de la pièce ne corresponde pas exactement à celui du spectacle auquel vous assisterez.

Le Fantôme de l’Opéra
de Gaston Leroux

Adaptation du roman pour le théâtre
de André de Sá Moreira

La scène est vide. Un employé des décors, vêtu d’une chemise bleu de travail et d’un béret, entre sur scène en sifflotant. Il installe une structure métallique sur la scène. Il sort de scène et revient avec un rideau rouge sur l’épaule qu’il pend à la structure métallique. Il se retourne et aperçoit le public. Il s’étonne.
L’employé des décors
Quoi ? Vous êtes déjà là ? Mais le spectacle, c’est ce soir! Ah…Vous aussi vous avez entendu parlé du Fantôme ! Et vous êtes venu plus tôt pour le voir ! Bande de petits curieux ! AH AH AH… Mais cette histoire c’est du passé ! Le fantôme n’existe plus !
Dieu ait son âme !
Bah, je vais vous raconter son histoire, comme ça vous ne serez pas venu pour rien.
Une bien triste histoire en vérité. Elle se passe ici même, au coeur de l’opéra de Paris, il y a 100 ans, le (date de la représentation) 1910. Ce soir-là, MM les directeurs démissionnaires de l'Opéra donnent leur dernière soirée de gala, à l'occasion de leur départ. Voilà justement les demoiselles du corps de ballet qui remontent de scène et rejoignent leur loge.
L’employé passe derrière le rideau. Deux danseuses toutes excitées rentrent sur scène dans des éclats de rire.
Danseuse A
Chut! J’ai entendu un bruit bizarre !
Danseuse B
C'est le fantôme !
Danseuse A
Quoi?
Danseuse B
C'est le fantôme !
Danseuse A
Tu l’as déjà vu le fantôme toi ?
Danseuse B
Comme je te vois !
Danseuse A
Bah ! Tu vois des fantômes partout.
Danseuse B
Mais si je te le dis!
Danseuse A
Et comment est-il le fantôme ?
Danseuse B
Il est très maigre et son habit noir flotte sur une charpente squelettique. Ses yeux sont si profonds qu’on ne voit que deux grands trous noirs comme ceux d’une tête de mort. Sa peau est jaune ; son nez est si peu de chose qu'il est invisible de profil. Trois ou quatre longues mèches brunes sur le front et derrière les oreilles font office de chevelure. Il est horrible.
Une troisième danseuse sort derrière le rideau (le narrateur s’est changé en danseuse)
Danseuse C
BOU !
Danseuse A et B
AH !!! Tu nous as fait peur, idiote !
Danseuse C
Chut… écoutez !
On entend un murmure.
Danseuse B
C'est le fantôme !
Danseuse A
Qui est là ?
Danseuse C
Il y a quelqu'un?
Danseuse B
Oh ! Oui ! Oui ! Certainement, il y a quelqu'un là dessous! Au secours!
Danseuse A
Maman ! Maman !
Les trois danseuses vont se cacher derrière les rideaux.
Danseuse A plus bas
Et tu l’as vu où le fantôme?
Danseuse B
J'ai juré de ne rien dire ! Bon d’accord. Alors voilà... c'est à cause de la loge...
Danseuse C
Quelle loge ?
Danseuse B
La loge du fantôme !
Danseuse C
Le fantôme a une loge ?
Danseuse A
Oh ! Mon Dieu ! Raconte... raconte...
Danseuse B
Chut Plus bas ! C'est la première loge, numéro 5, vous savez bien, la première loge à côté de l'avant-scène de gauche.
Danseuse C
Pas possible !
Danseuse B
C'est comme je vous le dis... C'est m'man qui en est l'ouvreuse... Mais vous me jurez bien de ne rien raconter ?
Danseuse A
Mais oui, allez raconte !...
Danseuse B
Eh bien, c'est la loge du fantôme...Personne n'y est venu depuis plus d'un mois, excepté le fantôme, bien entendu, et on a donné l'ordre à l'administration de ne plus jamais la louer...
Danseuse C
Et c'est vrai que le fantôme y vient ?
Danseuse A
Il y vient donc quelqu'un ?
Danseuse B
Mais non !... Le fantôme y vient… et il n'y a personne.
Les deux petites danseuses A et C se regardent sans comprendre.
Danseuse B
On ne voit pas le fantôme ! Et il n'a ni habit ni tête !... Tout ce qu'on a raconté sur sa tête de mort et sur sa tête de feu, c'est des blagues ! Il n'a rien du tout... On l'entend seulement quand il est dans la loge. Maman ne l'a jamais vu, mais elle l'a entendu.
Elle entendent un grand bruit et sortent en courant!
Danseuses A B C
Ah!!! Le fantôme !!!
Narrateur (qui a remis sa chemise et son béret)
Et oui ! Depuis quelques mois, il n'était question à l'Opéra que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre de haut en bas du bâtiment. Il ne faisait pas de bruit en marchant, comme un vrai fantôme. On avait commencé par en rire et par se moquer de ce revenant habillé comme un croque-mort, mais la légende du fantôme avait bientôt pris des proportions colossales dans le corps de ballet. Tout le monde
prétendait avoir été victime de ses maléfices. Et ceux et celles qui en riaient n'étaient point les plus rassurés. Quand quelque chose de bizarre survenait, un bruit, un grincement, un objet disparu, tout était de la faute du fantôme, le fantôme de l'Opéra !
(Musique Organique inquiétante)
Les rideaux ont été déplacés sur le côté. Deux hommes sont assis devant. Christine, habillée en robe blanche, est debout au milieu de la scène. Elle chante (en play back) avec une merveilleuse voix d’opéra qui contraste avec la musique organique écoutée juste avant. Elle termine sous des tonnerres d’applaudissement (applaudissements enregistrés). Elle salue.
Sur le côté de la scène, deux gentlemen applaudissent.
Le vicomte de Chagny / Raoul
Bravo ! Bravo !
Il lui fait des signes. (L’acteur est à côté d’elle, mais elle salue le public)
Raoul
Mais pourquoi elle ne me voit pas ! Christine !
Le comte de Chagny
Cette petite est extraordinaire ! Quelle chance que la Diva Carlotta soit malade. C’est un délice que d’écouter sa doublure. Quel trésor !
Raoul
Christine Christine !
Le comte de Chagny
Mon frère, calmez-vous. Elle ne vous reconnaîtra pas. Elle ne vous a pas vu depuis l’âge de 10 ans.
Raoul
Christine ! Il faut absolument que je lui parle !
Le comte de Chagny
Ah ah ah ! Mais enfin je ne vous reconnais pas ! D’où vient cette excitation soudaine ?
Christine va s’asseoir sur une chaise.
Raoul
Nous avons tant de souvenirs en commun ! Venez mon frère ! Allons la voir dans sa loge.
Le comte de Chagny
Il est fou ! Allez, courez mon frère ! Mais prenez soin de ne pas laisser tomber par terre votre coeur dans une telle précipitation!
Raul sort à gauche de la scène.
Le comte de Chagny.
Ah cette jeunesse ! L’amour est partout !
On entend un gémissement.
Le comte de Chagny au public
Mon dieu, le fantôme!
Le comte de Chagny sort de scène.
Raoul rentre à droite de la scène avec des fleurs à la main.
Il s’agenouille au pied de Christine assise sur la chaise. Elle semble dormir.
Raoul
Christine ! Christine, c’est moi ! Mademoiselle, mademoiselle, je suis le petit enfant qui est allé ramasser votre écharpe dans la mer….il y a 15 ans de cela…
Christine se réveille et le regarde sans rien dire. Elle carresse son visage.
Christine
Raoul…
On entend un murmure. Christine semble effrayée.
Raul
Mademoiselle, puisqu'il vous plaît de ne point me reconnaître, je voudrais vous dire quelque chose en particulier, quelque chose de très important.
Christine
Quand j'irai mieux, monsieur, voulez-vous ?...Je suis très fatiguée...
Raul
Mais…
Christine
J'ai besoin de rester seule... Allez-vous en ! Je vous en prie... laissez-moi...
Raoul quitte Christine désemparé. Mais au moment de sortir de la scène il se cache derrière le rideau et se baisse comme s’il écoutait à la porte (fictive).
Une voix
« Christine, il faut m'aimer ! »
Raoul surpris tombe par terre et se relève. Il continue d’écouter à la porte.
Christine se lève et parle à voix haute.
Christine
Comment pouvez-vous me dire cela ? Moi qui ne chante que pour vous !
La voix
« Vous devez être bien fatiguée. »
Christine
Oh ! Ce soir, je vous ai donné mon âme et je suis morte.
La voix
« Ton âme est bien belle, mon enfant, et je te remercie. Il n'y a point d'empereur qui ait reçu un pareil cadeau ! Les anges ont pleuré ce soir. »
Christine
Vous êtes mon ange de la musique.
La voix
« Votre ange de la musique…»
Christine hypnotisée sort de scène comme une somnambule en passant devant Raoul sans le voir. Raoul reste seul. Il bondit au milieu de la scène.
Raoul
Il y a quelqu'un ici? Pourquoi se cache-t-il ? Vous ne sortirez d'ici que lorsque je le permettrai! Si vous ne me répondez pas, vous êtes un lâche ! Mais je saurai bien vous démasquer ! »
Raoul cherche désespéramment autour de lui.
Raoul
Ah ! Ça, il n’y a personne! Est-ce que je deviens fou ?
Raoul sort de scène.
Narrateur
Fou d’amour, monsieur le vicomte! Après cette rencontre inattendue, Raoul rentre chez lui complètement bouleversé.
Retrouverons maintenant les nouveaux directeurs de l’opéra MM. Armand et Richard dans leur bureau. Ce matin leur journée de travail commence avec une nouvelle elle aussi inattendue, que leur annonce Mme Giry, l’ouvreuse de l’opéra.
MM. les directeurs ensemble
Quoi ? Buquet est mort ?
Mme Giry
Comme je vous le dis! On l’a retrouvé pendu sous la scène!
Armand
Mon Dieu ! Mais c’est affreux ! Notre technicien retrouvé pendu… Et pourquoi s’est il pendu ?
Richard
On ne le payait pas assez ?
Mme Giry
Allons donc, vous savez bien que ce n’est pas un suicide. C’est le fantôme!
Armand
Le fantôme ?
Mme Giry
Oui, et c’est de votre faute!
Richard
Notre faute ?!
Mme Giry
Si vous aviez suivi le cahier des charges du fantôme, il ne serait pas mis en colère!
MM. les directeurs
Qui ?
Mme Giry
Mais le fantôme voyons!
Armand
Mais enfin! Cette plaisanterie a assez duré! Les fantômes, ça n’existent pas ! Richard! Passez-moi ce sacré cahier des charges!
Richard lui tend une lettre. Armand lit la lettre à voix haute.
Armand
« La direction de l'Opéra sera tenue de donner aux représentations de l'Académie nationale de musique la splendeur qui lui convient, il faudra pour cela :
1º faire chanter mademoiselle Christine Daée à la place de Carlotta
2º Verser la mensualité qu'il doit au fantôme de l'Opéra, mensualité fixée jusqu'à nouvel ordre à 20 000 francs - 240 000 francs par an.
3º La première loge n° 5 sera mise à la disposition du fantôme de l'Opéra à toutes les représentations … »
Richard
Et quoi encore ! Il commence à m’énerver ce fantôme-là !
Mme Giry
C’est plutôt vous qui l’énervez à ne pas faire ce qu’il vous dit !
Armand
Ça suffit ! La Diva Carlotta n’est plus malade ! Notre diva chantera ce soir que cela lui plaise ou non.
Mme Giry
Mais le fantôme! Il sera furieux!
Richard
Et qui vous dit que ce n’est pas une femme votre fantôme ?
Mme Giry
Non, le fantôme est un homme.
Armand
Comment le savez-vous ?
Mme Giry
Il a une voix d'homme. Oh ! Une douce voix d'homme ! Voilà comment ça se passe : quand il vient à l'opéra, il arrive d'ordinaire vers le milieu du premier acte, il frappe trois petits coups secs à la porte de la loge n° 5. J'ouvre la porte et j'entends une voix qui me dit : « Madame Jules » (c'est le nom de défunt mon mari), un petit banc, s. v. p. ? » À la fin du spectacle, il me donne toujours une pièce de quarante sous, quelquefois même plus, quand il a été plusieurs jours sans venir. Seulement, depuis qu'on a recommencé à l'ennuyer, il ne me donne plus rien du tout...
Richard
Pardon, mais comment le fantôme fait-il pour vous remettre vos quarante sous ?
Mme Giry
Bah ! Il les laisse sur la tablette de la loge.
Armand
Allons donc! Ce soir, nous occuperons nous même cette loge pour assister à la représentation de Carlotta!
Mme Giry
Mais ! Et mes 40 sous ?
Richard
Vous pouvez prendre votre week-end madame, et la semaine qui vient. Nous n’avons plus besoin de vous.
Les deux directeurs sont assis sur le côté de la scène, devant le rideau.
Armand
Elle est confortable cette loge !
Richard
On m’a dit que Madame de Giry va porter plainte contre nous pour son licenciement.
Armand
Elle ne l’a pas volé avec ses histoires. Et elle va se plaindre à qui ? Au fantôme ?
MM. les directeurs
Ah ah ah !
Richard plaisantant
A propos, tu as vu le fantôme ?
Armand
Pas encore.
Richard se couvre la tête avec le rideau.
Richard plaisantant
BOUh ! BOUh ! BOOOUHHH ! C’est moi… le fantôme de l’opéra ! BOOUhhh !
Les directeurs rient aux éclatx mais s’interrompent pour applaudir l’entrée sur scène de Carlotta, qui porte un toupet ridicule sur la tête. Un tonnerre d'applaudissements dans la salle... Carlotta salue le public et commence à chanter.
Carlotta chantant
Ah ! Je ris de me voir
Si belle en ce miroir...
Laisse-moi, laisse-moi contempler ton visage
Sous la pâle clarté
Dont l'astre de la nuit, comme dans un nuage,
Caresse ta beauté.
MM. les directeurs
Bravo!
Carlotta chantant
Ô silence ! Ô bonheur ! Ineffable mystère !
Enivrante langueur !
J'écoute !... Et je comprends cette voix solitaire
Qui chante dans mon coeur !
Couac ! Couac !... couac !
Un son de crapaud sort de la bouche de Carlotta.
Les directeurs se lèvent de leur siège.
MM. les directeurs
Mais que se passe-t-il! Quelle horreur !
Carlotta
Couac !... couac !
Armand
Mais qu’est-ce que c’est que ce crapaud!
Richard
C’est incompréhensible !
Carlotta
... Et je comprends cette voix solitaire
Couac !... qui chante dans mon... couac !
Une voix résonne sur scène
« Carlotta chante ce soir à décrocher le lustre ! »
Carlotta et les deux directeurs regardent soudain au plafond au dessus du public et poussent un cri d’horreur.
Armand, Richard, Carlotta, et La voix
LE LUSTRE !
On entend un énorme BOUM!
Narrateur
Ce soir-là au milieu de la représentation de Faust chantée par la pauvre diva Carlotta, le lustre s'était décroché et écrasé sur la tête de la malheureuse qui était venue remplacer dans ses fonctions d'ouvreuse Madame Giry, l'ouvreuse du fantôme. Elle était morte sur le coup.
Après cette soirée tragique, Carlotta tomba malade et Christine Daaé disparut mystérieusement après la représentation. Quinze jours s'étaient écoulés sans qu'on l'eût revue au théâtre, et Raoul en devenait fou. Il lui avait écrit et réécrit sans recevoir de réponse. Jusqu’au jour où il reçu une lettre de Christine qui lui donna rendez vous au bal masqué organisé par l’opéra.
Musique de chambre. Il y a un grand cadre vide sur le côté de la scène.
Raoul rentre sur scène avec un masque de Loup. Christine rentre de l’autre côté de la scène avec un masque de domino. Ils dansent ensemble.
Raoul
Christine ? C’est moi Raoul ! Vous vous rappelez de moi?
Passe devant eux un homme masqué, avec un chapeau à plumes et une cape écarlate de velours rouge sur laquelle il est écrit en lettres d'or « 5e me touchez pas ! Je suis la Mort rouge qui passe !...
Christine fait signe à Raoul de le suivre. Ils s’assoient tous les deux.
Raoul
Christine ! Je vous cherche partout ! Pourquoi ne répondez-vous pas à mes lettres !
Christine, je suis Raoul, votre ami d’enfance. Vous vous rappelez de moi?
Christine
Bien sûr que je me souviens de vous.
Raoul
Je vous ai entendue chanter. Vous êtes merveilleuse !
Christine
Raoul, vous êtes si gentil. Je vous aime bien...
Elle caresse son visage.
Raoul
Christine, Où étiez-vous ? Y a-t-il quelqu’un d’autre ? Etes vous fiancée?
Christine
Fiancée? Mais non ! Mais non ! Je ne peux pas me marier !...
Raoul
Et pourquoi vous ne pouvez pas vous marier ?
Christine
Mais à cause du génie de la musique !...Il me le défend.
Raoul
Quoi? Le génie de la musique?
Christine
Oui.
Raoul
Il vous défend de vous marier ?!
Christine
Oh ! Il me le défend... sans me le défendre... Il me dit simplement que si je me marie, je ne l’entendrai plus ! Voilà tout !... et qu'il partira pour toujours ! Alors, vous comprenez, je ne veux pas laisser partir mon génie de la musique. C'est bien naturel.
Raoul
Un génie, le génie de la musique vous défend de vous marier !
Mademoiselle, vous allez me dire où il demeure, ce génie-là !
Christine
Chut ! Cachons-nous !
Passe devant eux l’homme masqué.
Raoul
Quoi, c’est lui ? C'est lui l’ange de la musique ? Il ne m'échappera pas !...
Christine le retient par le bras.
Christine
Raoul, Que faites-vous ?
Raoul
C’est lui ? L’homme qui vous parlait dans votre loge! La Mort rouge !... Votre Ange de la musique ! Mais je lui arracherai son masque du visage, comme j'arracherai le mien, et nous nous regarderons, cette fois face à face, sans voile et sans mensonge, et je saurai qui vous aimez et qui vous aime !
Christine
Au nom de notre amour, Raoul, laissez-le tranquille !...
Raoul furieux
Notre amour ? Vous mentez, madame ! Car vous ne m'aimez pas, et vous ne m'avez jamais aimé ! C’est un autre que vous aimez ! Cet autre que vous appelez génie !
Adieu !
Christine reste seule sur scène. Elle enlève son masque et pleure.
Christine
Pauvre Raul….Pauvre Erik…
Christine s’approche du miroir et tend le bras vers son reflet.
La voix
« La destinée t'enchaîne à moi sans retour !... La destinée t'enchaîne à moi sans retour !... »
Christine hypnotisée
Me voici, Érik, je suis prête.
Christine traverse le miroir.
(Musique organique)
On retrouve Christine allongée sur un divan noir dans une pièce avec des rideaux noirs. Il y a un orgue et un cercueil. L’homme masqué à la cape rouge enlève une plume de son chapeau pour écrire une lettre. Il lit à voix haute la lettre qu’il écrit.
« Messieurs les directeurs, je vous prie de ne plus jamais occuper ma loge, la loge nº5. Cet incident malheureux nous a coûté un lustre magnifique et pour le bien de tous il ne faudrait pas que cela se reproduise… »
Christine revient à elle.
Le fantôme
Rassurez-vous, Christine, vous ne courez aucun danger.
Christine
Votre voix…Elle est si douce…
Le fantôme
Christine !...
Christine murmurant
Vous êtes mon génie de la musique…
Le fantôme
Christine !... Je ne suis ni ange, ni génie, ni fantôme... Je suis Érik !
Christine tend sa main vers son masque mais le fantôme la repousse violemment.
Le fantôme
Non, je vous l’ai déjà dit. Vous ne verrez jamais le visage d'Érik.
Christine
Mais de quoi avez-vous peur ?
Le fantôme
Ça suffit ! Nous devons travailler pendant quelque temps.
Christine
Qu'entendez-vous par quelque temps ?
Le fantôme
Cinq jours. Cinq jours et vous serez prête pour chanter l’opéra.
Christine
Et après, je serai libre ?
Le fantôme
Vous serez libre, Christine, car, durant ces cinq jours, vous aurez appris à ne plus me craindre ; et alors vous reviendrez voir, de temps en temps, le pauvre Érik !... Voici votre chambre.
Le fantôme désigne un côté de la scène.
Le fantôme
Et voici la mienne.
Le fantôme désigne le cercueil ouvert.
Le fantôme
C'est là-dedans que je dors, Il faut s'habituer à tout dans la vie, même à l'éternité.
Le fantôme s’assoit au clavier de son orgue.
Le fantôme
Chantons l'Opéra, Christine Daaé!
Christine chante (en playback) accompagnée par le fantôme qui joue de l’orgue.
Quand la musique se termine, le fantôme l’applaudit. Il s’approche d’elle pour l’embrasser mais elle tente de lui retirer son masque. Le fantôme recule.
Christine
Érik, montrez-moi votre visage, sans terreur. Je vous jure que vous êtes le plus douloureux et le plus sublime des hommes! Je vous jure que je n’aurai pas peur.
Érik se retourne et enlève son masque.
Le fantôme
Regarde, tu as voulu voir ! Vois ! Repais tes yeux, soûle ton âme de ma laideur maudite ! Regarde le visage d'Érik !
Christine pousse un cri d’horreur.
Le fantôme
Maintenant, tu connais le visage de la Voix ! Cela ne te suffisait pas, dis, de m'entendre ? Tu as voulu savoir comment j'étais fait. Vous êtes si curieuses, vous autres, les femmes !
Le fantôme disparaît.
La voix riante
« Vous êtes si curieuses, vous autres, les femmes !... »
Narrateur
C’est ainsi que Christine Daée apprit à chanter, grâce à son ange de la musique elle apprenait la musique comme nul autre n’aurait pu le faire. Elle s’habitua à sa laideur innée et revenait voir le fantôme pour travailler sa voix, de plein gré. Elle passait le reste du temps avec Raoul, en lui cachant la vérité sur ses absences. Mais Christine finit par tomber amoureuse de Raoul presque sans s’en rendre compte, et par dévoiler
son secret.
Christine et Raoul entrent en scène en courant et en riant. Ils descendent dans le public et joue à cache-cache en parlant.
Raoul
Madame, puis-je vous revoir demain ?
Christine
Demain c’est impossible.
Raoul
Quoi, vous allez de nouveau disparaître !
Christine
Et oui…
Raoul
Il faut tout me dire, Christine ! Je sens qu’un imposteur est en train d'abuser de votre bonne foi !
Christine
L'Ange de la musique n’est pas un imposteur!
Raoul
Promettez-moi de rester avec moi et je ne vous poserai plus de questions.
Christine
Je ne peux pas. Je suis libre de mes actions, monsieur de Chagny. Je n'ai pas de mari, et je ne me marierai jamais !
Raoul lui prend la main.
Raoul
Vous n'avez pas de mari, et, cependant, vous portez une "alliance".
Christine
C'est un cadeau !
Christine et Raoul remontent sur scène.
Raoul
Christine ! Puisque vous n'avez pas de mari, cet anneau ne peut vous avoir été donné que par celui qui espère le devenir ! Pourquoi me tromper davantage?
Christine
Cet anneau est une promesse d’amitié c’est tout! Ne trouvez-vous point, monsieur, que cet interrogatoire a trop duré!
Raoul
Pardon de vous avoir parlé ainsi, mademoiselle... Vous savez bien quel honnête sentiment me fait me mêler de choses qui, sans doute, ne me regardent pas ! Mais laissez-moi vous dire ce que j'ai vu... je vous ai surprise Christine ! J'ai vu votre extase au son de la voix ! De la voix qui sortait du mur, oui, votre extase !...
Christine
Vous écoutez aux portes, Raoul?
Raoul
Cette voix est bien dangereuse, Christine, au nom du Ciel, vous allez me dire à qui cette voix appartient! Allons ! Dites moi le nom de cet homme, Christine ?... De cet homme qui a eu l'audace de passer à votre doigt un anneau en or !
Christine
Monsieur de Chagny, vous ne le saurez jamais !...
Raoul
Hélas ! Madame, tout me prouve que vous l’aimez!
Christine
C’est faux!
Raoul
Si, Christine... et je sais au moins ce nom que vous prétendez me cacher pour toujours...
Votre Ange de la musique, mademoiselle, s'appelle Érik !...
Christine
Et qui est-ce qui vous l'a dit ?
Raoul
Vous-même ! Je vous ai entendu prononcer son nom le soir du bal masqué. Derrière la porte vous avez dit “pauvre Erik”
Christine
Malheureux ! Taisez -vous ! Vous voulez donc qu'on vous tue ?
Raoul
Peut-être !
Christine ne peut retenir un sanglot. La tête masquée du fantôme apparaît derrière les rideaux. Le fantôme écoute la conversation.
Christine
Un monstre, c’est un monstre! J’ai vu son visage! Oh! Horreur, horreur. Pauvre Erik…
Aidez-moi Raoul, aidez-moi en m’en échapper! Je vous aime et je vous en supplie. Aidez-moi à m’enfuir. Sa voix…je suis sous son emprise. Il a des mots d'amour dans sa bouche de mort... et sa musique est si merveilleuse. Pauvre Érik ! Pauvre Érik !
Raoul
Et où vit ce monstre!
Christine
Sous les trappes, dans les sous-sols de l’opéra.
Raoul
Christine, vous dites que vous m'aimez, mais c’est vous qui retournez auprès d'Érik prendre vos leçons!...
Christine
Non, plus maintenant! Je n’en peux plus!
Raoul
Permettez-moi de douter que vous m'aimiez.
Christine
En doutez-vous encore, Raoul ?... Apprenez alors que chacun de mes voyages auprès d'Érik a augmenté mon horreur pour lui, car chacun de ces voyages, au lieu de l'apaiser comme je l'espérais, l'a rendu fou d'amour !... et j'ai peur ! et j'ai peur !... j'ai peur...
Raoul
Vous avez peur... mais m'aimez-vous ?... Si Érik était beau, m'aimeriez-vous, Christine ?
Christine
Malheureux ! Pourquoi tenter le destin ?... Ô mon fiancé d'un jour, si je ne vous aimais pas, je ne vous donnerais pas mes lèvres. Les voici.
Raoul et Christine s’embrassent. Le fantôme émet un profond soupir.
Christine
C’est lui !
Raoul
Nous partirons ensemble, Christine! Loin du fantôme et loin de l’opéra!
Christine
Quand ?
Raoul
Dès demain ! Demain après la représentation!
Christine
Chut. Moins fort…la Voix est jalouse !
Christine et Raoul sortent de scène.
Le fantôme sort de sa cachette et rentre sur scène. Il est désemparé et furieux. Il joue de l’orgue frénétiquement en dansant sur la scène, une danse désespérée…
Christine au milieu de la scène chante les bras au ciel.
Christine
Anges purs ! Anges radieux !
Anges purs ! Anges radieux !
Portez mon âme au sein des cieux !
Tout d’un coup l’obscurité tombe sur scène. La lumière revient et Christine a disparu. Raoul entre en scène.
Raoul
Christine Christine ! Où êtes-vous ?
Les deux directeurs entrent en scène.
Raoul
Messieurs les directeurs ! Christine Daée a été enlevée part un ange !
MM. les directeurs
Je vous demande pardon ?
Raoul
Il faut me croire ! Cet ange s’appelle Erick, il habite l’opéra et il est l’ange de la musique.
MM. les directeurs
Comme c’est curieux.
Raoul
Vous avez bien entendu parler du fantôme de l’opéra ! Et bien ce fantôme c’est l’ange de la musique !!
MM. les directeurs
Pardon monsieur mais vous vous moquez de nous ?
Les directeurs entourent doucement le vicomte…
Raoul
Moi ? Mais pourquoi dites-vous cela. C’est la vérité je vous l’assure !
Les directeurs l’immobilisent et tentent de lui passer une camisole de force.
MM. les directeurs
Allons allons, c’est pour votre bien !
Raoul
Mais lâchez-moi ! Christine Christine !
Raoul se libère et s’enfuit en courant. Les deux directeurs sortent derrière lui en criant.
MM. les directeurs
Attrapez-le, il est devenu fou !
Narrateur
Fou d’amour, Monsieur le vicomte ! Malgré son état perturbé, le vicomte parvient à échapper aux directeurs et s’engouffre dans les sous-sols de l’opéra, guidé par un étrange individu, le Persan, qui, ancien serviteur d’Erik, connaît les secrets du fantôme.
Il lui a même sauvé la vie il y a des années de cela.
Le Persan, vêtu d’un turban sur la tête, tend un pistolet à Raoul.
Le Persan
Tenez le bien haut devant vous, le fantôme est imprévisible.
Le Persan suivit de Raoul traverse la scène, le pistolet brandi devant eux. Ils arrivent devant un miroir. Le persan tâte le miroir.
Le Persan
Il doit y avoir un ressort sur lequel il faut appuyer pour faire pivoter la glace.
Cherchons.
Raoul
Ça ne tourne pas !
Le Persan
Nous n’avons pas le temps pour cela. Prêt à tirer ?
Le persan et Raoul tirent sur le miroir et la glace se brise.
Le Persan
Chut ! Suivez-moi ! Faites tout ce que je fais. Le bras bien haut devant vous.
Ils traversent tous les deux le cadre du miroir et retraversent la scène sur la pointe des pieds.
Le Persan
Ecoutez ! Nous sommes sous le bureau des directeurs. Venez, descendons.
Ils traversent la scène à quatre pattes.
Le Persan
Nous arrivons en bas du deuxième dessous. Attention ! Cachons-nous.
Ils s’allongent au sol. Une silhouette passe devant eux avec une torche à la main.
Raoul
C’est le fantôme ?
Le Persan
Non, c’est le tueur de rats.
Le persan et le Vicomte se débattent au sol comme si des rats leur passaient dessus
(bruit de cri de rats)
Raoul
Au secours !
La silhouette s’éloigne avec ses rats.
Le Persan enlevant des rats imaginaires de son pantalon.
Je savais bien qu’il existait mais je ne l’avais encore jamais vu. Venez, continuons !
Les deux hommes traversent la scène en rampant. Ils arrivent au bord de la scène, face au public.
Le Persan
Nous arrivons au bord du lac. De l’autre côté se trouve la demeure d’Erik.
Raoul
Il n’y a pas de temps à perdre !
Le vicomte s’apprête à traverser le lac (descendant de la scène) mais le Persan l’arrête.
Le Persan
Arrêtez, malheureux ! Personne ne peut traverser le lac ! C’est la mort certaine qui l’attend.
Raoul
Et pourquoi ?
Le Persan montrant le public du doigt.
Le lac est plein de sirènes et de piranhas.
Raoul
Et que devons nous faire ? Attendre patiemment que le fantôme tue Christine ?!
Le Persan
Non, venez, nous allons passer par le troisième dessous, Il y a une trappe. Je ne l’ai jamais utilisée mais elle nous mènera sûrement près du fantôme.
Raoul
Christine ! Nous arrivons !
Les deux hommes traversent la scène une dernière fois et s’arrêtent au bord d’une trappe (fictive). Ils parlent en regardant vers le sol.
Le Persan
Voilà c’est ici. Etes-vous prêt ?
Raoul
Je le suis.
Le Persan
Sautons.
Ils sautent tous les deux à pieds joints dans la trappe.
À gauche de la scène, les deux hommes sont entourés par 3 grands miroirs disposés face au public. A droite Christine est assise, attachée à une chaise dans l’obscurité.
Elle parle avec le fantôme qui reste invisible… La scène s’éclaire tantôt à gauche tantôt à droite.
Lumière à gauche (salle des supplices). Le persan tient une allumette au bout des doigts.
Voix du fantôme
C'est à prendre ou à laisser ! La messe de mariage ou la messe des morts. Christine ! Tu ne m'aimes pas ! Tu ne m'aimes pas ! Tu ne m'aimes pas !
On entend des pleurs.
Voix du fantôme
Pourquoi pleures-tu ? Tu sais bien que tu me fais de la peine.
Le Persan
C’est la voix du monstre !
Raoul
Il y a peut-être Christine derrière le mur. Christine!
Le persan se brûle les doigts. Changement de lumière.
Lumière à droite. Christine est assise, attachée sur la chaise.
Le fantôme
Je vous laisse réfléchir madame. Attendez-moi ici. Ne bougez pas. Ah ah ah!
Voix de Raoul
Christine ! Christine !
Christine
Je rêve.
Voix de Raoul
Christine ! Christine ! C’est moi, Raoul.
Christine
Raoul !... Raoul !
Voix du Persan
Mademoiselle. Pourriez-vous nous dire où est Érik ?
Christine
Il est sorti de la demeure.
Voix du Persan
Pourriez-vous vous en assurer ?
Christine
Non !... Je suis attachée... je ne puis faire un mouvement. Mais où êtes-vous donc ?
Il n'y a que deux portes dans ma chambre, une porte par où entre et sort Érik, et une autre qu'il n'a jamais ouverte devant moi et qu'il m'a défendu de franchir jamais, parce qu'elle est, dit-il, la plus dangereuse des portes... la porte des supplices !...
Voix de Raoul
Christine, nous sommes derrière cette porte-là !
Christine
Vous êtes dans la chambre des supplices!
Changement de lumière. Lumière à gauche (salle des supplices). Le Persan a une autre allumette au bout des doigts.
Raoul
Oui. Mais nous ne voyons pas de porte. Nous sommes entourés de miroirs!
Voix de Christine
Raoul ! Raoul !... Fuyez !... tout ici est mystérieux et terrible... et Érik va devenir tout à fait fou... Et vous êtes dans la chambre des supplices !... Allez-vous en par où vous êtes venus ! Cette chambre-là doit avoir des raisons pour porter un nom pareil !
Raoul
Christine ! Nous sortirons d'ici ensemble ou nous mourrons ensemble !
Le Persan
Il ne tient qu'à nous de sortir d'ici tous sains et saufs, mais il faut garder notre sangfroid.
Pourquoi vous a-t-il attachée, mademoiselle ? Vous ne pouvez pourtant pas vous sauver de chez lui ! Il le sait bien !
Voix de Christine
J'ai voulu me tuer! Je m'étais heurtée le front contre les murs.
Raoul
Christine !
Voix de Christine
Alors, il m'a attachée... je n'ai le droit de mourir que demain soir à onze heures ! Il veut que je lui dise oui ou non à notre mariage ! Il est fou ! Silence! Je l’entends qui revient!
Lumière à droite. Christine tient une boîte dans les mains.
Le fantôme
Dans ce coffret, tu trouveras un scorpion et dans l'autre une sauterelle, des animaux très bien imités en bronze du Japon ; ce sont des animaux qui disent oui et non ! C'est-à-dire que tu n'auras qu'à tourner le scorpion pour me dire : oui !... Et tu seras ma femme. La sauterelle, elle, si tu la tournes, voudra dire : non !
La clé de ta destiné est dans tes mains.
Christine
Mais …
Le fantôme
La sauterelle !... Prends garde à la sauterelle !... Ça ne tourne pas seulement une sauterelle, ça saute !... ça saute !... ça saute joliment !...
Christine
Vous êtes fou !
Christine crie. Raoul crie de rage à son tour.
Le fantôme
Ah mais ! Qu'est-ce que c'est que ça ?... Tu n'as pas entendu un cri, Christine ?
Christine
Non ! Non ! Je n'ai rien entendu !
Le fantôme
Il m’a pourtant semblé entendre un cri !
Christine
Un cri !... Est-ce que vous devenez fou, Érik ?...Moi, je n'ai rien entendu !...
Le fantôme
Comme tu me dis cela !... Tu trembles !... Tu mens !... On a crié ! On a crié !... Il y a quelqu'un dans la chambre des supplices !... Ah ! Je comprends maintenant !...
Christine
Il n'y a personne, Érik !...
Le fantôme
Ton fiancé... peut-être !...
Christine
Eh ! Je n'ai pas de fiancé !... Vous le savez bien !...
Le fantôme
Ah ah ah, nous allons bien voir. Il suffit de tirer le rideau noir et puis d'éteindre ici...
La lumière s’éteint du côté de Christine.
Narrateur
Et c’est ainsi que le vicomte Raoul et le Persan furent tout à coup, inondés de lumière!... La chambre dans laquelle ils étaient prisonniers, était hexagonale et garnie entièrement de glaces. « Maison des mirages » ou « palais des illusions ». L’invention d’Érik, avait le don de rendre fou. Il suffisait de disposer dans un coin un motif décoratif, comme une colonne, par exemple, pour avoir instantanément un palais aux mille colonnes. Erik y avait déposé un arbre de fer. Quand le plafond s'éclaira la forêt s'illumina, la stupéfaction du vicomte dépassa tout ce que l'on peut imaginer.
L'apparition de cette forêt impénétrable les plongea dans une consternation effrayante.
La lumière s’allume sur la chambre des supplices qui est maintenant au milieu de la scène. Le persan cherchant quelque chose au sol à quatre pattes.
Le Persan
Nous sommes dans une chambre, une petite chambre, voilà ce qu'il faut vous répéter sans cesse... et nous sortirons de cette chambre quand nous en aurons trouvé la porte. Eh bien, cherchons-la !
Le vicomte tourne en rond.
Raoul
J'étouffe ! Toutes ces glaces se renvoient une chaleur infernale !... Est-ce que vous allez bientôt trouver votre ressort ?... Nous allons rôtir ici !
Le Persan
Nous sommes dans une chambre, une petite chambre, voilà ce qu'il faut vous répéter sans cesse...
Raoul cynique et desespéré
Ce qui me console, c'est que le monstre a donné jusqu'à demain soir onze heures à Christine : si nous ne pouvons sortir de là et lui porter secours, au moins nous serons morts avant elle ! La messe des morts d'Érik pourra servir pour tout le monde !
Le Persan
Nous sommes dans une chambre…
Raoul
Nous ne sortirons jamais de cette forêt ! Christine! Je vais mourir dans la forêt... loin de toi !...
On entend un rugissement de tigre.
Raoul
Oh ! Un tigre! Il n'est pas loin !... Vous ne le voyez pas ?... là... à travers les arbres !
Dans ce fourré... S'il rugit encore, je tire !...
Raoul tire sur les miroirs. On entend de l’eau qui coule.
Raoul
Mon dieu je meurs de soif! Là, de l’eau, de l’eau!
Le vicomte lèche un miroir et se brûle la langue.
Le Persan
C'est le mirage !... c'est le mirage !... ne croyez pas à l'eau !... c'est encore le truc de la glace !...
Raoul
Ahhhhh!
Le Persan
Là, le ressort !
On entend Raoul et le Persan qui crie comme si ils tombaient.
Raoul et le Persan sont allongés au sol aux pieds de Christine.
Christine
Raoul !
Raoul
Christine !
Ils s’embrassent.
Le Persan
Nous n’avons pas le temps pour cela. Vite ! Erik va revenir.
Raoul
Christine, qu’est ce que vous faites avec ça ?
Raoul désigne le coffret.
Christine
Le fantôme prépare un coup terrible ! Il m’a confié la clé de mon destin, il faut que je tourne la sauterelle ou le scorpion.
Le Persan
Ne touchez à rien, c’est une bombe !
Raoul
La sauterelle ou le scorpion ?
Christine
Il faut tourner l’un des deux avant onze heures ! Quelle heure est-il ?
Le Persan
Onze heures moins une !
Raoul
Tournez le scorpion.
Le Persan
Tournez la sauterelle.
Christine
Mettez-vous d’accord ! Le scorpion ou la sauterelle ?
Raoul, le Persan, Christine
Le scorpion !
Narrateur
Christine tourna le scorpion, et les eaux du lac souterrains commencèrent à monter jusqu’à inonder tout l’opéra. On retrouva nos amis presque noyés sur la scène. Le fantôme qui aurait pu tout faire sauter décida de leur laisser la vie sauve. Pourquoi donc ? Parce que Christine en tournant le scorpion lui avait dit oui, elle lui avait donné ce qu’il n’avait jamais reçu jusqu’alors, de l’amour !
Musique organique de la messe du mariage.
Après avoir échappé au fantôme, Christine et Raoul quittèrent Paris, pour vivre heureux loin de l’opéra.
Quant au Persan… Il ne quitta jamais vraiment l’opéra.
Le narrateur remplace sa casquette par un turban…
Et le fantôme ? Et bien on ne l’a jamais revu… Il s’est peut être noyé, ou bien n’a-t-il peut-être jamais existé, car les fantômes, dans le fond, tout le monde sait que ça n’existe pas !
Musique organique ! Rire du fantôme.
FIN

Aucun commentaire:

VISITE DE LYON

  Regarder la vidéo.   Proposez des définitions pour TRABOULE, CANUT et BOUCHON.  Besoin d'aide ? Voici des pistes:  ouvrier de la soie,...